Les années 80 et 90 ont vu une explosion des recherches appliquant les concepts, théories et techniques issus de la cognition sociale et de la psychologie cognitive en sciences des organisations en général et en management stratégique en particulier. De nombreux domaines des sciences des organisations ont déjà été considérés sous un angle cognitif : les attitudes au travail, les évaluations de la performance, la confiance, la prise de décision, la mémoire organisationnelle, le management des connaissances, la perception de l’environnement concurrentiel ou les systèmes de croyances pour ne citer que quelques exemples. Plus spécifiquement, de nombreuses études ont exploré les effets de l’interprétation stratégique sur l’action organisationnelle et proposé des modèles cognitifs de formation de la stratégie. Parmi les auteurs positionnés sur ce courant de recherches, Anne Sigismund Huff occupe une place particulière. En effet, elle a fortement contribué à ce courant en étudiant notamment les cartes mentales et leurs implications sur la stratégie et la performance tant au niveau individuel que collectif. Nous verrons ainsi ce que nous lui devons dans une première partie consacrée à l’approche cognitive des groupes stratégiques. Dans une deuxième partie, nous aborderons ses travaux ayant porté sur le changement stratégique. La troisième partie sera consacrée aux apports méthodologiques d’Anne Huff, en nous concentrant sur les techniques de cartographie cognitive. Enfin, nous conclurons notre chapitre avec une critique des travaux de l’approche cognitive de la stratégie, ces critiques ne pouvant être dissociées de celles des études menées par Huff de par leur fort enracinement dans ce courant.