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Un jésuite à la cour de Siam
« Son destin désormais est au Siam, il l’accepte mais ne le choisit pas. » En même temps qu’il embarque à bord de l’Oyseau le 3 mars 1685 à destination du royaume de Siam, le père Tachard s’engage irrémédiablement dans ce qui restera la grande œuvre de son existence, et qui l’occupera désormais jusqu’à la mort. Celui qui eut l’intelligence de s’imposer comme l’interlocuteur privilégié du marquis de Seignelay, Secrétaire d’État à la Marine, sera de fait tour à tour représentant officieux puis officiel de Louis XIV auprès du roi de Siam, envoyé extraordinaire de ce dernier, le roi Naraï, auprès du souverain pontife et du roi de France ! L’action tenace, inlassable, presque entêtée du père Tachard viendra à bout du padroado et laissera même espérer à la France la perspective de supplanter l’influence portugaise dans l’empire du milieu et les Indes. Puis viendra, à la faveur d’une malencontreuse révolution de Palais à Ayathiya, le temps des désillusions et de l’abandon progressif du grand dessein. S’il a échoué à constituer un empire, le père Tachard n’en a pas moins contribué à ouvrir à la France les portes de l’Extrême-Orient. C’est ce personnage complexe et attachant qui appartient, selon le mot de Fénelon, à la catégorie de ceux qui espèrent contre l’espérance même, que l’auteur dépeint ici avec talent.
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