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Le clocher de Tübingen

Le clocher de Tübingen

De 1807 à 1843, les habitants d’une ville du Wurtemberg ont vu, matin et soir, un promeneur solitaire sortir de la maison d’un charpentier bâtie sur la tour du vieux rempart. Ils se sont habitués à cette figure qui bredouillait en marchant des bribes de français ou des vers grecs ou allemands. Certains, au début, vinrent lui rendre visite, comme on va voir «  un fauve tourner en cage  », puis ces visites s’estompèrent.
Ce locataire s’appelait Friedrich Hölderlin. Auteur d’un roman célèbre, Hypérion ou l’ermite de Grèce, il fut l’ami de Schelling et Hegel, ses condisciples au séminaire de la ville. Après une grande histoire d’amour à Francfort, en 1797, il dut s’exiler, en 1801, pour un voyage en France. Les traductions de Sophocle qu’il publia à son retour, en raison des changements qu’il introduisait dans les vers, firent rire aux larmes Goethe et Schiller. Sa mère, comprenant que son fils ne serait jamais pasteur, décida de le faire interner plusieurs mois. La légende romantique du poète fou venait de commencer.
Mais si cette légende mentait ? Si ce grand poète avait voulu dire autre chose, pendant la  seconde moitié de sa vie passée à entendre les coups de l’heure au clocher de Tübingen  ? Dernier feu de la tradition mystique qui éclaira la nuit européenne et premier artiste dégénéré d’Allemagne, Hölderlin ne pouvait à son époque être entendu. Il le peut maintenant que les glaciers fondent et que les villes s’embrasent. Il nous faut de toute urgence relire ce témoin de la fin d’un monde et entendre la leçon de sa ténacité.

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